Tout petit déjà, j'aimais les cailloux.
J'avais aimé l'Agathe qui s'était faite assez précieuse pour se faire désirer.
Pendant que mes contemporains bavassaient leurs insultes au silence,
Je découvrais la valeur d'une beauté qu'il me faudrait mériter.
Et sa beauté valait de vivre.
J'eus ouvert ma première géode avec autant d'excitation que j'eus consommé ma première amourette.
Je ne possédais rien de ces pierres. Leur beauté m'était supérieure.
Et ce sont elles qui me possédaient.
J'ignorais qu'ailleurs, les pierres se faisaient marteaux et faucilles.
Sans rien prétendre de beau, sans rien prétendre de valeur.
Je me serais battu contre ceux qui disaient que Jade valait Cornaline.
Et les menteurs seraient punis.
J'étais jeune et ignorant. Je ne comprenais rien à l'utilité du beau.
Fort heureusement il m'a été légué un patrimoine culturel multimillénaire.
Et enfin j'ai compris que l'on s'en prenne au laxisme des autres.
La beauté sera rentable, et moi-même je pencherais sur la technologie.
Mais plus jamais elle n'oubliera d'être belle, j'en fais le serment.
C'est probablement ce que j'aurais dit, si j'avais pu le formuler.
Et j'irais mettre ma pierre à l'édifice, pour me faire beau plus qu'utile.
Les instruits vous diront que j'ai trouvé l'inspiration dans la cité aux pierres jolies.
Je répondrais à ceux-là que la couleur n'est pas le beau.
Que je n'y ai rien vu, ni de beau, ni de coloré, mais il est vrai que j'ai aimé le concept.
Et dans la ville rose tous les chats sont gris.
J'ai voulu aimer l'art.
J'ai rencontré bien peu d'artistes.
Le fiel coulait dans les vaisseaux de la bohème.
La gangrène avait pris dans les tissus de la création.
L'art était devenu l'artisan.
Et l'artisan était devenu son œuvre.
Ainsi l'ouvrier était déposé plus que l'œuvre.
Comme une foi qui se fait culte,
L'amour de la création s'était fait amour du créateur.
Les créatures auraient voulu s'alléger pour atteindre la hauteur de leurs idoles.
Et le poids de la beauté était superflu pour les âmes arrogantes.
Aussi, je n'eus rien respecté du manque de tact avec lequel les artisans jetaient leurs pavés dans la marre.
J'eus reconnu le prestige des cailloux de légende, d'Excalibur au Titanic. J'eus même donné du crédit à Obélix.
Mais il faut bien dire, depuis les Rolling stones, le rock, c'est plus ce que c'était.
Et la mousse avait amassé les parasites.
Ainsi les chanteurs populaires dessinaient l'amour dans le sillage de cette colombe qui survole les cimetières.
Aussitôt se disaient-ils légers que je les méprisais.
Paul et Jacques étaient acclamés pour la hauteur de leurs joies respectives.
Et je restais de marbre.
Seule la fusion m'aurait fait fondre.
Et j'ignore encore tout du mariage.
Alors j'ai ventilé.
J'ai ventilé, j'ai ventilé et ventilé....
Du plomb dans la tête et de l'or dans les mains.
Du vent, j'ai fait des montagnes.
Je les ai écrasées dans un océan de pixel.
J'y ai foutu le feu, parce que mon cœur voulait
Et les cailloux dans le ciel pleureraient eux aussi.
Ma formule magique était une arnaque.
La preuve en est que personne n'a vu l'invisible.
Mon joyau ne transformera pas la merde en caviar.
Mais il confessera volontiers tous les scatophiles volontaires.
Illuminant la fécal ite, dans une chaleur salvatrice.
Et ils retiendront l'œuvre d'un super-novateur.