« Adieu Melancholia »
Que du myrte ou de la nèfle,
Tombe, blanc, à l’aurore,
En ces jours défleuris et funestes,
Dépourvus de nymphes et d’elfes,
A la chandelle du crépuscule d’un soir d’automne,
L’incarnat évaporé qui, d’avoir été trop humé, a souffert.
Que sous le lit de la rivière,
Qui frémit, endormi,
Dans cette chaumière, alanguis,
A la lisière de je ne sais quel petit bois,
Nous allions cueillir, sur le bosquet qui lui fait escorte,
Leurs modestes fruits.
Irons-nous,
Parfumés comme pour un dimanche,
Papillonner, danser, patibuler en cadence,
Dans le matin frêle et houleux,
Et, sur cette feuille blanche,
Glaner les instants bienheureux ?
Nous oublierons,
Bien assez tôt,
Ces fruits du pêcher,
Collants, offerts, généreux, comme du néoprène,
Agités sous notre nez,
Envahit par ce pollen.
Qu’à son tour, que de ce frêne, qui, à l’été murmure,
Dont le tronc possède le même éclat pur,
Qu’un mausolée d’Inde, fortifié par le marbre aveuglant,
Qui se fane chaque année à la morne saison,
Insolents, nous questionnerons :
Barbouillerons-nous nos faces,
De boue, de charbon,
A l’inverse d’un triste auguste ou d’un clown blanc?
S’il est bon de revoir le musc sous le jour,
Derrière la cloison,
La moisson,
Nous glorifiera-t-elle toujours,
De tant de louanges à l’horizon ?
De grâce, de concert, oublions,
Les ombres, les lumières,
L’aquilon, l’éphémère,
Pour la mémoire de ceux qui, en leurs noms,
Ont fait de l’Histoire creuse, des cieux plus grands que ceux de la raison,
Au travers de leurs vœux impies, encore pieux et avertis,
Résonnent nos chansons.
Que de ces germes féconds et ravis,
Fleurisse l’émoi,
Depuis la cime des montagnes, des arbres gris,
Par-delà la clairière, ici-bas,
Chantent encore nos cœurs en sursis.
Aqueux, tu coules, par ta larme qui fuit et rit,
Et tu perds ainsi, l’essence de la rose teintée d’opale,
Pour un ciel de Paris, un lys, encore pâle,
Et la goutte de pluie,
Qui, à la rosée cristalline, colorée et matinale,
Venait bercer tes journées, tes nuits.