« Amnésie partielle»
Je ne sais pas, non,
Si c’est toujours toi que je lis,
Et pourtant il me semble reconnaître,
Ta griffure.
Je ne sais pas si c’est un pâle reflet de moi-même,
Qui aura ma mémoire à l’usure,
Mais je sens une faible force,
Peut-être le sort ou le cours du Rubicon,
Ta morsure.
Je ne sais où je vais,à reculons de l'orée,
Sans horizon, sans toi à mes côtés,
Mais je suis sans,
Pitié, sans mesure.
Un animal, une droiture.
Je ne sais pas de quelle imposture,
Tu deviens le chef-d’œuvre,
Le maître à,
Panser.
La blessure nous rend,
Insensibles, insensés,uns,
Les pamphlets vains,
D’un Épicure, d'une peau de chagrin.
Soit sous l’armure,
Dont tu bénis chaque sirène aussitôt,
Tu jouis de tes nymphes « poupéïfiées »,
Vers qui tu déploies ta gorge de crapaud,
Et que tu aimes perdre au sommet, pour mieux les admirer;
Soit, ton chapeau cache ta pure et honnête vérité,
Mille fleurs séchées,
Tendues sous l’offrande,
De ton flambeau à la plus suprême des divinités.
Égaré, oui, tu l’es,
Dans mon rêve d’éternité,
Avec ta présence à mes côtés,
Opère la métamorphose de l’orpheline ravie, épiée et,
Rassasiée.
Tu n’es qu’un homme blessé,
L’homme que j’ai tant désiré,
Assoiffé, découronné,
Que j’aurais aimé,
« Aimer ».
Tu demeures l’unique glas qui a su briser,
La glace, le miroir argenté,
Dessinant un merveilleux mais trop vaporeux éther,
Et le lien, et la corde qui me tient dans les airs,
Malgré mes ailes,
Plombées.
Tu cherches la clé,
Mais tu sais bien qu’au fond,
Dans tes pensées,
Je ne suis ni l’oiseau blessé,
Qu’il te faudra soigner;
Ni la chevelure de ce tableau à peigner, à dorer,
Chevelure triste d'une Médusa, d’un mythe d’Orphée,
Endormie à présent dans la musicalité,
Ni ta perle à cultiver,
Pas même un atome à ioniser,
Ni l’animal à dompter,
Soit, l’effet d’un de tes caprices, soit, la cause de tes,
Simagrées.
Parsemant de tes doux poèmes,
Plusieurs fées à instituer,
Tu en oublies ma seule dévotion, ma sincérité, ma,
Virginité.
Du haut de ton sursis à perpétuité,
Tu crois m'aimer et tu t’accroches, désespéré,
Tout en perdant,
Pieds.
Je ne suis donc pour toi qu’un,
Prétexte à,
Imaginer.
Un jeu enfantin biaisé,
Un joli jouet byzantin dont tu ne te soucis pas,
Celle-là de trop qui, de joie, te fera tomber.
Je ne suis pas même la ligne Maginot à franchir, à contourner,
Ni, hélas,
Pour ta gouverne, ton chandail à porter,
Un futur à rêver,
Une femme à enfanter.
Volage et heureux tu es,
Naïve et bienheureuse je suis,
Sérieuse et déterminée, tu restes ma bible.
Toi seul ici es l'indécis, croyant être la cible,
Moi seule, suis l'intouchable, l'indicible,
Nous deux, précieux, amoureux et encore punis,
Une amnésie préfigure une fin, un blanc inutile,
Un infime recommencement, un trou noir dans la dentelle,
Subtil,
Partiellement, je reste; soudainement,
A la lisière, je chancelle et disparais,
Car je ne suis pas ton futur à animer.