"Mon amour,
Il est important, pour moi, que tu gardes le plus longtemps possible ta naïveté, ton innocence, ta spontanéité, ta gourmandise de la vie et ton audace quand, chaque matin, défiant l’immensité de ce qui t’entoure, tu pars fièrement à l’aventure.
Jour après jour, tu croques dans la vie et tu t'en vas conquérir ce monde merveilleux avec ton large sourire et tes yeux pétillants.
Merveilleux ce monde, ton monde ! Le monde, tel qu'il devrait être !
Ce monde, identique à mes attentes, alors que je m’apprêtais à te donner la vie, occultant ces dangers qui n’ont pas leur place dans le quotidien d’une petite âme naissante, fragile, douce et innocente.
Je ne veux pas me sentir coupable de t'avoir fait naître sur une terre malsaine. J'étais si pleine d'amour, de tendresse et d'optimisme... Et par chance, des millions d'autres parents ont pris la même décision que moi, poussés par les mêmes volontés et la même bienveillance, preuve que cette Terre qui t’a vu naître est bien plus belle que certains s’acharnent à nous la dépeindre.
Mais c'est vrai, mon bonhomme, et même si je souhaite t'en épargner le plus longtemps possible, que je dois reconnaître que nous partageons ce merveilleux voyage qu'est la vie avec des individus qui n'auraient pas mérité de frôler le même sol que toi.
Des déséquilibrés, lâches et endoctrinés, qui viennent ternir cette magnifique aventure en faisant le choix de la terreur. Des fous, qui n'ont pas compris que notre passage sur Terre était bien trop court pour s’évertuer à le gâcher en faisant le mal. Des déments, qui n'ont pas choisi de voir sourire un enfant et de se laisser porter par son univers. Des aliénés, qui, aveuglés par une folie que je suis incapable de t'expliquer, passent à côté des beautés qui nous entourent…
Ils ne sont pas comme toi, mon cœur !
Eux, ne ressentent pas le bienfait de la brise matinale printanière, ne s’attardent pas sur le bonheur procuré par une journée qui s’annonce ensoleillée. Ils se moquent des sourires constructeurs, ne profitent pas des fous-rires salvateurs, crachent sur les accolades réparatrices et sur toute tentative d'amour et de bonheur.
Je ne comprends pas ces gens, mon chéri ! Et je ne peux pas te promettre qu'un jour, on ne parlera plus d'eux. Mais ce qui m'importe, c'est que toi, tu restes joyeux !
Aujourd’hui, tu es épargné par cette actualité, et je m’en réjouis ! Mais un jour, tu en prendras conscience. Ce jour-là, je veux que tu restes convaincu que, même si un groupe d’individus a fait le choix volontaire de blesser, il y aura toujours plus de gens sur terre qui voudront ton bien et ton bonheur, que le contraire.
Reste persuadé que ta maman t'a mis au monde avec pour seule et unique ambition de faire de ta vie une aventure de plaisir et de te voir réaliser tes rêves. Pour te faire découvrir, autant qu’il me sera possible, tout ce qui est beau ici-bas, tout ce qui aura le mérite de faire s'écarquiller tes jolis yeux et s’élargir ton joli sourire... et t'épargner, autant que faire se peut, des monstruosités dont sont capables une poignée de malades.
La clé, mon trésor, j’en suis convaincue, se trouve dans tes mains et dans celles de tous tes petits copains...
Pour le bonheur que tu apportes, pour ta saine malice, pour les sourires que tu partages, pour ta naïve conscience, pour ta douce effronterie et pour toutes les ondes positives que tu envoies autour de toi et qui font résonance… j’ai envie de dire…
Un p’tit gars comme toi, on devrait le partager
Le promener dans le monde, un p’tit peu le prêter
Ça vaudrait la peine…
Pour donner du ciel bleu aux esprits qui s’enterrent
Dans des préceptes douteux de religion, de guerre
Ça vaudrait la peine…
Pour donner du bonheur aux âmes candidates
Une fleur sur le cœur et que ce cœur rebatte
Ça vaudrait la peine…
Quand ce monde se fane, tu reviens le fleurir
Avec tes p’tits copains et vos si doux sourires
Et ça, ça vaut la peine !
Des minutes de silence pour des vies qui soupirent
N’honorons pas l’absence mais nos enfants en rire
Ça vaudrait la peine !
Face aux drames du moment, méprisants et cruels,
Observons nos enfants, ils offrent le manuel
Pour panser les peines… "
Texte de Pascale Piet (publié dans la DH, 23 mars 2016)
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L.Kazan **
