Paysanne promesse
L’angélus résonne enfin
Ce soir tes hanches ma douce
A danser jusqu'au petit matin
Goutteront le cal de mon labeur
Le soleil encore haut sur l'horizon
Se reflète sur les fronts
Saint Jean tu es là !
Saint Jean nous voilà !
Ce matin au sortir de la messe
Tu m'as promis joie et ivresse
Je serai ton roi, tu seras ma reine
Allant quérir nos bûches
De masures en château
Nous avons ri et je t'ai promis
A l'abri d'un buisson
Nos lèvres à l'unisson
Se sont avouées
Qu'en cette nouvelle année
Nous serons mariés !
Et le feu je sauterai...
Tofka
Le chat de la Saint Jean
— La vieille bique ! crient à son passage les enfants.
Elle allonge ses doigts vers ceux-là qui s’éloignent,
Courageux comme leurs pères, braves gens ignorants.
Il est temps d’aller cueillir les herbes qui soignent.
Les gars mendient du bois pour le feu de ce soir.
Les filles songent à galants et font bouquet
De la Saint Jean envahie de charme et d’espoir.
Sur la place, on dresse les tréteaux du banquet.
Deux soudards roulent vers le bûcher un baril.
J’entends leurs rires gras, impatients du spectacle.
Cette fournaise sera mon dernier exil.
Les pleurs ne suffiront pas, je meurs sans miracle.
D’effroi, je griffe mon calvaire qu’on attise.
J’absous les hommes et miaule à leur bêtise.
Anje
Les feux de la Saint Jean
Lorsque luisait la flamme aux feux de la Saint-Jean
A l'orée d'un solstice, entre deux équinoxes
Aux temps antiques de la paysannerie
Détresse, brigandage, affligés indigents
Abondance et famine, édifiant paradoxe
Grand était le besoin d'un peu de féerie
Ordre social pesant et souffle de révolte
Dans un monde étranglé, appauvrit par la dîme
Le petit paysan connaissait la disette
Et les intempéries réduisaient la récolte
Les épis rabougris donnant un grain infime
Le pauvre n'avait pas le cœur d'être à la fête
Mais le soir aux lueurs des feux de la Saint-Jean
Pourtant, dans un sursaut, hors de sa métairie
Il s'évadait rêvant tel qu'à prime jeunesse
Et il allait danser, corps léger, voltigeant
Oubliant pour un temps, éperdu d'allégresse
Ses horizons bouchés en paysannerie
Comme tous les humains, il tentait d'être heureux
Par delà son destin de simple cul-terreux
Roger Massé
La petite fille aux allumettes
C'est l'hiver, une enfant va vendre des allumettes.
Il fait froid, il fait nuit et personne ne s'arrête.
Épuisée elle trébuche, tombe assise contre une mur.
Dans ses oreilles le vent souffle un constant murmure
Et autour d'elle la neige forme une sépulture.
Elle gratte une allumette et la flamme lui rappelle
Qu'en cette nuit de Saint Jean la vie était si belle.
C'était l'été dernier. Le feu brûle tellement fort
Et les jours sont si longs ! Dans les champs le blé dore
Et les arbres sont chargés de ces fruits qu'elle adore.
Puis l'allumette s'éteint. Est-ce déjà l'automne ?
De la ferme on les chasse, et elle, elle s'étonne.
La récolte est finie, ils sont bouches inutiles
Et donc s'en vont en ville, elle est toute sa famille.
Dans le froid de l'hivers, la vie n'est pas facile.
Une deuxième allumette. Le feu de la Saint Jean
Brille devant ses yeux jusqu'à l'éblouissement.
Un fruit tombe d'un panier, au sol, il rebondi.
La musique et les chants l'ont un peu étourdie
Doucement elle s'endort, elle est au paradis.
Sandrine
A la volette revue et corrigée… pour la Saint Jean
Gente demoiselle aux feux de Saint Jean
La nuit était belle et mon doux serment
Te portait dans l’allégresse,
T’emplissait de ma tendresse
Aux feux de Saint Jean
Souviens-toi ma mie de l’odeur des blés,
De la fenaison et des foins rentrés
Dans la grange où ta tendresse,
Me portait dans l’allégresse
De l’odeur des blés.
Gente demoiselle aux feux de l’été
Ton cœur m’ensorcelle à la vérité
Et je pense à l’allégresse,
Qui revient comme tendresse
Aux feux de l’été.
Souviens-toi ma mie il y a longtemps
La vie s’écoulait dans les raies des champs
Ondulant avec tendresse,
Sous les cieux dans l’allégresse
Il y a longtemps.
Pagnolesque