L'estuaire

Ma tête est un estuaire
Des courants de mon coeur
Au vagues de ma vie
Elle essuie les revers
Supporte les rancoeurs
Et jamais ne dévie

Entre les flux hybrides
Fluviaux océaniques
Et les coronariens
Malgré ses quelques rides
Dans un monde organique
Elle se porte bien

Elle va respirer
A des recoins marins
Riches de sédiments
D'un reflux de marée
La voilà qui revient
Pétrie de sentiments

Puis elle se restaure
Toutes vannes ouvertes
Aux canaux de mon coeur
D'où, dans un temps record
Elle ressort alerte
Et fait tomber mes peurs

Libérant mon esprit
Elle aiguise mes sens
Elle affûte mes yeux
Et me voilà guéri
De toutes les nuisances
De mes jours fastidieux

De segments endigués
En segments maritimes
D'effluves en contrastes
Je me laisse guider
De réflexions intimes
En pulsions enthousiastes

Je traverse des zones
Faites de bancs de sable
Et de prairies humides
Et j'aborde une faune
Grouillante, insaisissable
A petits pas timides

J'enjambe des ruisseaux
De têtards, de mollusques
Et menus crustacés
Derière un arbrisseau
Tout à coup, je débusque
Un rapace caché

Et mon regard s'accroche
A des mâts de voiliers
A des volées d'oiseaux
Dont les reflets ricochent
Au miroir singulier
Et magique des eaux

Ma tête est un estuaire
Des courants de mon coeur
Aux vagues de ma vie
Dans son itinéraire
Je traque les rancoeurs
Elle en paraît ravie.