Tèra, île mythique

Cette ligne verte, clarté fugace
S’estompe dans des bleus délavés
Le vent fouette les ventres blancs
Des vagues qui s’arrondissent
Comme femmes en gestation.
La mer est là, tout autour
Vivante et remuante
Sous la pluie

Sur le pont blanc
Du bateau qui tangue
Les embruns me giflent
Et le goût du sel
Imprègne mes lèvres
Que je lèche
D’une langue gourmande.

Deux mamelles de roc brun
Semblent venir à notre rencontre,
Somptueuse vision
D’un semblant d’éternité
Solide.
Et pourtant tout me parle
Ici
De l’Atlantide,
De l’engloutissement de sa civilisation.

Platon aurait il eu raison ?

La cote se rapproche
Falaise funèbre et noire
De lave figée ;
Et en son sommet,
Pareille à un reste de neige
Qui souligne le dôme ventru
De Téra,
Santorin grimpe et serpente,
Avec ses maisons agglutinées
D’une blancheur éblouissante,
Chapeautées de dômes
D’un bleu de lapis-lazuli.

Et pourtant il pleut

Même sans soleil
Le spectacle est impressionnant !
Le rouge des strates de bauxite,
Les plaques plus claires
De pierres ponces
Que tous les vents ont sculptées,
Et cette terre noire comme la nuit,
Ce sont bien là les trois couleurs
Qu’avait décrites Platon
En nous contant
L’antique cité
Disparue sous les flots
Après l’immense cataclysme
Qui réduisit à néant la vie Minoenne
De l’île mythique.

Dans les fouilles l’on découvrit
Des maisons de trois étages
Avec canalisations eau chaude et froide…
Un progrès très avancé
En ces temps reculés.
J’ai eu l’impression subite
Que le vent m’apportait
Des voix, des rires, des présences

Qui de moi recevra dans
Des centaines d’années
Le chant de mon âme
Qui à cet instant
Vibrait ?