« Ode au lac du Bourget»
Retournons là-bas,
Tant de désirs m’oppressent,
Par la soif de ton souvenir,
En cette adresse.
Tu m’offres un lit aqueux,
Où la nuit devient jour,
Où tes lampions chantent l’amour,
Eclairant ton ciel merveilleux.
Et ton abbaye, de velours incarné,
Obscurcie par ta clarté,
Et tes monts et ton entité dont je flaire chaque recoin,
Flânant dans tes airs, sous ta coupe de Saint.
M’appelant en songe,
Toi, préservé et silencieux,
Tu m’inondes, précieux,
De ce son transparent où, offerte, je plonge.
Tes flots je les veux éternellement chérir,
Car ce lieu où tu séjournes calmement,
M’offre un repos apaisant que nul ne saurait mieux que toi emplir,
Hardis, allons, audacieux, te découvrir.
Dans cette eau pure, dont je suis le gardien,
Surplombe ta dent de chat,
Elle mort et délivre mon corps avalé, lorsque de son ombre, je deviens la proie,
Bercée par tes bras, mon cœur se déteint.
Dans ces eaux troubles que je traverse,
Ton seul flot bleu me transperce,
D’ivresse et de poésie tu m’enivres,
Charme de cette idylle,
Entre toi, lac, et moi, petite, géante et face à toi, infertile.
C’est dans tes eaux, que je veux ravir,
Beau lac qui, de son doux soupir,
Aspire et engloutis mes os,
Que se mêlent nos deux corps en entrelacs de mille échos.
Je soupire, sublimée par ta grâce,
Me remémore, me souviens,
L’image tenace,
De nos indicibles liens.
Tu supportes les cygnes, les voiliers,
Dieu est près de moi,
Lorsque étendue par-dessus toi,
Tu troubles et recouvres mon émoi emmailloté.
Tu sembles, toujours tellement présent et en retrait,
Reposer en paix, tel un portrait dont l’image ne vous quitte jamais,
Et tu dis à mon âme,
C’est ici que ta vie se résume et réside, beauté diaphane.
Et ta source dont toi seul a le secret,
M’offre la foi, m’offre la voie, une plume, des ailes,
Par laquelle je me noie, volontiers,
Soutenue, éparpillée par tes flancs fidèles,
Auxquels j’aime tant me mêler.
Doux et ravissant,
Telles sont tes qualités,
Dont la mesure dépasse l’entendement,
Par ton chant silencieux, tu n’es, à mes yeux, qu’enchantement.
La symbiose de nos deux puretés,
N’est que l’alchimie,
La métamorphose de l’hydre en fée,
Par ton liquide amniotique, je suis ombilicale et mon égo de toi, est enivré.
Chaque moment, passé à tes côtés,
Dont je déplore la fugacité,
Moi, fugitive et encore de toi, habitée,
Frugal, tu m’offres la sagacité et une occasion de plus de me faire t’aimer.
J’irai à mon but, vers toi,
Me mouiller, les cheveux courts, la bouche assoiffée,
Le corps mince, beau et fier, comme autrefois,
Embrasser ta grâce et te rendre ta dignité.
Et de mon frêle bouton, bourgeonner,
Sur tes berges alcalines, sereines,
M’offrir à ton accalmie, enfin réanimée,
Câline et initiée me noyer dans toi, immobile, sirène,
Toi, mon exil !
Toi, mon tout, toi, mon « exhumance »,
Toi, dont, seul, j’ai humé l’arôme, subtil,
Toi, mon espérance !